13/11/2021
11 Novembre - Hommage à Emilienne Moreau, héroïne de 17 ans de la guerre de 14-18 et Résistante de la seconde guerre mondiale
Discours de Marie-Louise Gourdon lors de la cérémonie du 11 novembre à Mouans-Sartoux
Nous sommes 103 ans après l’armistice de la première guerre mondiale.
Je vous invite à rendre un double hommage aujourd’hui .
Rendre hommage aux poilus, qui sont morts par millions, au front, dans des conditions inhumaines et inimaginables, nos grands-pères, nos aïeux
Et à Rendre hommage aux femmes, celles qui y ont laissé leur vie, les femmes des poilus, et toutes les autres, qui ont assuré l’arrière, et permis à la France de vivre et de survivre pendant ces 4 années terribles, en attendant la paix, nos grands-mères, nos aïeules.
L’Histoire s’écrit en continu et l’on découvre encore des personnages et des événements méconnus.
Ainsi de véritables heroïnes, méconnues, qui méritent que nous leur rendions hommage pour que leurs exploits ne s’effacent pas définitivement.
À Mouans-Sartoux nous avons érigé une stèle, unique en France, au Monument aux morts pour rendre hommage aux femmes qui ont défendu la France et la Liberté, hommage ouvert à toutes les femmes du monde défendant la Liberté. Et c’est pour moi l’occasion de faire connaître ces femmes.
Voici l’histoire d’Emilienne Moreau, la « Jeanne d’Arc » du Pas-de-Calais, héroïne de 14-18 puis de la Résistance.
Redécouverte et racontée par un journaliste du journal Le monde, Luc Bronner, dans la série Nos oubliées, Les femmes oubliées de l’Histoire, que je reprends ici largement pour vous la raconter.
Qu’a t’elle fait?
En 1915, pendant la guerre, en Artois, son village Loos-en-Gouelle était occupé par les Allemands et les Anglais avaient décidé de le reprendre.
A l’âge de 17 ans, et toute seule, Emilienne Moreau sauva des centaines de soldats anglais pendant la bataille de Loos-en-Gouelle en courant courageusement à leur rencontre pour les prévenir qu’« une mitraille impitoyable les attendait car les troupes allemandes étaient massées derrière le village.
Elle transforma ensuite sa maison familiale en infirmerie de campagne. Dans la rue, les combats continuèrent.
Emilienne se souvient : « On court entre les maisons et ma connaissance parfaite des lieux nous permet de surprendre les Prussiens embusqués. Prise par une sorte de furie, moi aussi, je prends des grenades et je les lance par l’escalier de la cave. Des explosions sourdes retentissent. Puis c’est la fumée et le silence. J’ai tué des hommes. » D’autres Allemands font feu sur l’infirmerie. Elle prend un revolver posé sur un banc et tire. « Les deux ombres s’effondrent. Puis c’est le silence ».
La propagande militaire s’est immédiatement saisie des exploits de l’héroïne de 17 ans pendant la bataille de Loos.
Le général Douglas Haig, qui devint commandant en chef des armées britanniques, lui écrivit pour exprimer son « admiration très sincère » pour son « patriotisme » et son « courage dévoué ».
Pour avoir sauvé ses soldats, l’armée anglaise lui attribua la médaille militaire, la Croix rouge royale et elle fut nommée dans l’Ordre de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem.
Le général Foch la félicita à son tour et elle fut citée à l’ordre de l’armée. Quelques semaines plus tard, à Versailles, en novembre 1915, elle reçut la Croix de guerre.
Dans la douleur des défaites françaises, son histoire semblait pouvoir redonner confiance. « L’exemple de cette jeune héroïne, symbole vivant de l’alliance franco-britannique, tombait à pic pour raffermir le moral du pays alors que les offensives d’Artois et de Champagne avaient abouti à un bain de sang », souligne l’historien Jean-Marc Binot.
Ce n’était que le début de l’histoire d’Emilienne Moreau, 17 ans, héroïne de la première guerre mondiale.
Le début seulement car son destin a de quoi fasciner.
Car cette femme, devenue institutrice après l’armistice, fut aussi une héroïne de la seconde guerre mondiale. Au risque de sa vie, de celle de son mari, de ses enfants, elle fut résistante pendant cinq longues années.
Pour son courage et pour les actions entreprises, elle fut désignée compagnon de la Libération, l’hommage suprême de la Nation aux résistants, « cette chevalerie exceptionnelle créée au moment le plus grave de l’histoire de France », selon les mots du général de Gaulle. Une reconnaissance hors norme, et plus encore pour une femme : parmi les 1 038 compagnons, six femmes seulement furent récompensées, dont quatre à titre posthume.
Emilienne Moreau fit « preuve d’un patriotisme et d’un courage exceptionnels au cours des deux guerres », indiquent ses camarades de l’Ordre de la Libération dans la note confidentielle présentée alors au général de Gaulle pour justifier son entrée dans l’Ordre.
Avec ces mots : « Emilienne Moreau fut l’incarnation de la résistance féminine française. »
En août 1945, à Béthune, le général de Gaulle lui remet la croix de la Libération et prononce la phrase rituelle : « Nous vous reconnaissons comme notre compagnon pour la Libération de la France dans l’honneur et par la victoire. »
Son histoire aurait pû, aurait dû la placer au Panthéon de notre mémoire collective. Avec les plus grands résistants. Il n’en fut rien. Sauf une plaque et l’école qui,porte son nom à Loos en Gouelle.
Merci à ce journaliste du Monde et à Wikipedia de nous avoir fait connaître son histoire.
C’est notre devoir de mémoire que de lui rendre hommage ici, au monument aux morts devant notre stèle dédiée aux femmes qui se sont battues pour la liberté et pour la France.
17:29 Publié dans Mouans-Sartoux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marie louise gourdon, mathieu panciatici, emilienne moreau | Facebook | |
Les commentaires sont fermés.