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10/12/2010

Maurice Leroy n'est pas Merlin l'enchanteur

par Thomas Legrand
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vendredi 10 décembre 2010

Ce matin, vous évoquez les propos que le ministre de la ville Maurice Leroy, a tenu en début de semaine lors d’un déplacement en banlieue parisienne, à Gennevilliers...

Oui, le successeur de Fadela Amara a fait, à Gennevilliers, une déclaration d’une étonnante modestie. « Modestie » c’est le qualificatif le plus neutre, ou bienveillant que l’on pourrait trouver pour ce qui est en réalité un tragique aveu d’impuissance… une déclaration aux antipodes du volontarisme habituel en matière de politique de la ville. Je cite :

« Je ne suis pas Merlin l’enchanteur, si dans les 18 mois qui viennent je réussi à faire en sorte que, sur les contrats urbains de cohésion sociale, les crédits arrivent fin mars, j’aurais plus fait que tous les autres ministres de la ville » En gros, nous dit Maurice Leroy, « ce que je peux faire de mieux c’est m’assurer que ce qui doit être financé le soit ». Déjà c’est oublier que beaucoup d’autres crédits (hors politique de la ville) sont coupés. Un exemple précis, parmi d’autres : la maison de l’Emploi de la Plaine Commune (qui regroupe huit villes de Seine-Saint-Denis) verra sa dotation baisser, comme toutes les maisons de l’emploi. Celle-ci, dans une zone particulièrement en difficulté, passera d’1 million 3 à 400.000 euros si tout va bien… Mais Maurice Leroy, en humble pauvre ministre chargé de la ville, va s’assurer que les « contrats urbains de cohésion sociale » seront bien financés. Alors ce que l’on appelle les CUCS, c’est le principal mode de financement la politique de la ville, un système qui permet de mieux orienter les crédits vers les quartiers et villes qui en ont le plus besoin. Bref les CUCS, c’est le tout venant, la moindre des choses d’une politique minimale de la ville. Ces dispositions existent depuis 2006, ce n’est même pas une création de l’ère Sarkozy... Avoir comme ambition, en prenant ce ministère, de faire en sorte de limiter la casse, ça a au moins le mérite de la franchise, là, les paroles et les actes sont en cohérence. Il s’agit quand même, rappelons-le, simplement d’honorer des contrats de l’Etat.

Effectivement, on est loin du Plan Marshall pour les banlieues promis en 2007 !

On en est à des années lumière et ça ne date pas de la crise financière... En réalité il n’en a jamais été question. La politique de la ville, sans doute encore plus que beaucoup d’autres renoncements est le domaine pour lequel le décalage entre les promesses et la réalité, entre les affirmations volontaristes et les réalisations minimales, est le plus flagrant. Le décalage qui aura certainement le plus de répercutions sur la vie de millions de gens. Aujourd’hui, tous les travailleurs sociaux, tous les acteurs de la politique de la ville qui portent souvent des quartiers à bout de bras, vivent dans une angoissante incertitude du lendemain pour ce qui est des crédits qui leur sont alloués. Il faut simplement rappeler, de temps en temps ces mots de Nicolas Sarkozy : « Je veux que la République se réapproprie les quartiers. (…) Je diviserai par deux le nombre d'élèves des établissements les plus en difficulté. Services publics, transports en commun, commerces de proximité seront réinstallés dans les quartiers. Je consacrerai beaucoup d'argent aux banlieues, dans l'éducation, la formation, la rénovation urbaine, les services publics, les transports, l'activité économique. Je n'accepte pas qu'on se soit résigné à laisser se développer tant de ghettos scolaires et urbains ». C’est daté d’avril 2007.

Si Maurice Leroy (qui affirme donc ne pas être Merlin l’enchanteur) réécoutait ces déclarations, ils les attribueraient sans doute à la fée clochette ou au Père Noël.

 

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